Le paradoxe, assez douloureux pour moi, c’est que très jeune j’étais déjà royaliste. Je pourrais presque dire, depuis l’enfance. Mes premières lectures de l’histoire m’ont amené à chercher d’où venait et comment fonctionnait la monarchie. Je sais pertinemment que la monarchie, telle que moi je la conçois et d’autres époques l’ont vécue est désormais impensable.[…] Pour moi, un pouvoir qui vient d’une transcendance, d’une origine divine, et qui est assumé comme tel par le roi, comme une obligation devant un être et une instance supérieure aux hommes, est nettement plus convaincant. De cet engagement du roi viennent la source, l’orgigine, la raison de ce pouvoir qui est le sien sa vie durant, ainsi que le droit de ses fils à hériter de ce pouvoir, après la cérémonie du sacre. Cela me paraît nettement plus acceptable, et je communie et vis avec cela nettement mieux qu’avec des lois, des règlements, des codes approuvés par un consensus majoritaire, auxquels je dois me soumettre et qui ont été créés par des hommes à mon image. Que la majorité s’accorde sur le fait que la société doit être comme ci ou comme ça, pour moi ça ne signifie absolument rien. Pour que cette société mérite mon respect, pour que je men sente concerné par elle et qu’elle ait droit à mon respect, il faut qu’elle soit d’origine supérieure, et non le fruit d’un processus logique, remâché et préparé par un groupe d’hommes qui se disent les représentants de la majorité de la population. Car à mon avis, il s’agit alors de la tyrannie la plus abominable qui puisse exister.
Extraits de Souvenirs et autres fantasmes, livre entretiens avec Eduardo Garcia Aguilar, Editions Folle Avoine.
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