Le moralisme gluant de l’Occident

Il est toujours amusant et instructif de se rendre compte des contradictions de ses adversaires. Comment, de cette société moderne si fière de sa liberté, de sa façon de concevoir les choses intimes, cette société de la sensualité (quand on a bien pris soin de confondre sensualité et pornographie), émerge une société pudibonde, restrictive, voyeuriste et surtout moraliste (il faut relire ici l’essai de Jean Marie Domenach : Une Morale sans moralisme). Là où cette société moderne plénipotentiaire tente de confondre la morale du catholicisme qu’elle portraitise comme archaïque, elle developpe très rapidement des anti-corps sous la forme d’un moralisme qui ne se sent bien qu’en jugeant le voisin. C’est la morale petit-bourgeois. C’est un trait de caractère français. Mais que d’autres pays d’Europe partagent avec elle.

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Oshio Heihachiro, samouraï de la rébellion

Pour bien comprendre les actes d’Oshio Heihachiro, il faut bien comprendre qu’ils sont dictés par un caractère et par une volonté anti-révolutionnaires. Rien dans l’attitude d’Oshio Heihachiro ne souhaite remettre en cause l’ordre établi. Oshio Heichachiro sait le système perfectible, mais aussi fonctionnel. Ce qui rend le système moins performant tient plus aux hommes qu’au système lui-même.

La colère d’Oshio est dirigée vers les hommes, vers ce qui corrompt le système.

Laisser croire qu’un ver dans le fruit est la cause de tous les maux, c’est la philosophie qui a toujours accompagné nos révolutions. Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage…

Il y a une arrogance occidentale qui croit que l’homme est infaillible. Cette arrogance occidentale a constitué et continue de constituer l’essence de son caractère antitraditionnel ; et constitue un terreau toujours meuble pour la volonté derrière la société égalitariste.

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Cris d’orfraie d’Onfray

Donc Onfray a lu un livre où l’on révèle la fabrique d’Ernst Jünger… Michel Vanoosthuyse : Fascisme et littérature pure. On y révèle — nous dit toujours le philosophe autoproclamé de la sensualité — que Jünger a toujours été fasciste et qu’il a passé des années, une grande partie de sa vie, un demi-siècle, à effacer les traces de ces années fascistes. Qui a côtoyé Ernst Jünger, même de très loin, ne pourra que sourire à ces déclarations. Ernst Jünger fabriquant sa vie pour une postérité est grotesque. Jünger a toujours été l’antithèse de ce personnage machiavélique qu’Onfray a cru débusqué au détour d’un livre. M’apercevoir enfin que ce livre de M. Vanoosthuyse a paru aux éditions Agone finit de me faire sourire, on pouvait espérer que M.Vanoosthuyse passe plus de temps à apprendre de Jünger qu’à réaliser autour de sa personne une chasse aux sorcières. La quatrième de couverture manque ainsi singulièrement d’inspiration puisqu’elle finit par ses mots : « ce que recouvre l’entrée d’un auteur à passé fasciste dans la littérature ‘pure’. » Kesako ? Jünger serait le seul auteur de droite (je résume ici la pensée de ces messieurs de gauche qui donne du fasciste pour un oui ou pour un non) à faire son entrée dans la littérature ? Qu’est-ce que la littérature pure ? Une littérature de gauche ? Ça commence mal pour les éditions Agone qui dès la quatrième de couverture ne font pas montre d’une grande maîtrise éditoriale…

Quant à Onfray, on comprend au fil de l’article qu’une seule chose l’inquiète et dans cette optique on pourrait le comprendre — c’est la liberté, l’extraordinaire liberté de Jünger à tout âge, à toute époque jusqu’à ses derniers jours. Michel Onfray ne comprend rien à la liberté de Jünger. Alors n’y comprenant rien, il désire la détester. Il désire montrer qu’il s’agit d’un subterfuge. Et Jünger a passé un demi-siècle à le façonner.

Parce qu’il faut quand même que ça ait été l’effort d’une vie pour que Michel Onfray se fasse avoir. Qu’il ait fallu ce livre pour qu’il soit déniaisé comme il l’avoue. On ne peut que s’esclaffer, Michel Onfray est un faiseur quand il le veut. Et il nous prend pour des citrouilles. Qui croira une seule seconde qu’il a jamais aimé Jünger ? Si Onfray dit aimer Jünger, c’est qu’il plastronne. Il fait le beau. Il pérore. Il veut dire. Je suis. Je pense. Largeur d’esprit. Oeucuménisme. Introspection. Esprit critique. Tolérance encore. Tolérance toujours. Bonne conscience. Eh oui, il ne s’agit plus que de cela. Michel Onfray pourra passer plusieurs vies à effacer les traces, il sera facile d’exhumer toutes les fois où il aura fait semblant.

C’est dommage, Michel Onfray sait aussi dire certaines choses qui ne relève pas de son clan, de son camp, de sa famille politique. Il sait parfois échapper aux mailles du filet et reconnaître chez ses adversaires l’honnêteté. Mais ii faut toujours qu’il se laisse aller, il faut toujours qu’il se recroqueville, qu’il médiatise  donc qu’il donne le change… Tant de gachis. Il est difficile de comprendre comment Michel Onfray peut trouver un quelconque intérêt au tout petit livre à charge de Michel Vanoosthuyse… L’impression donnée équivaut à celle d’un beau chien au poil luisant se roulant dans la fange.

Le Père de Smet

Il est des histoires incroyables. celle de Pierre Jean Smet en fait partie.

Discutant toujours avec la même joie avec mon ami J-B du C. l’autre soir, je l’entretiens de mon idée d’un prêtre débarquant au Japon dans les années 1830, chose impossible ou presque. Le Japon est totalement fermé au monde extérieur, l’ère Meiji se prépare tranquillement en coulisse, et surtout les ordres religieux, comme le monde occidentale, est tombé en pâmoison devant le Nouveau Monde. Oui, mais voilà il faut toujours espérer en une grande figure de catholique indépendant.

Pierre Jean de Smet en est une. Ce prêtre surnommé “soutane noire” par les indiens, négocia avec Sitting Bull pendant que Lincoln lui demandait conseil. N’ayant pas la langue fourchue, il réussit bien souvent des miracles (lire sa vie montre combien ce mot peut encore avoir un sens). Incroyable parcours dans les montagnes Rocheuses et formidable source d’inspiration, la Père de Smet mis de l’éthique là où les politiques ne mettaient déjà que cynisme et pragmatisme.

Le monde laïc et moderne

Il y a le beau mot italien « vergogna », il y a le mot français vidé de son sens à l’époque moderne « honte ».

Qui ne s’est trouvé au beau milieu d’un dîner avec de chers amis à vouloir fuir le lieu, fuir pour ne plus avoir à endurer la stupidité, l’incohérence, les propos « petit-bourgeois », la vulgarité ? Le besoin d’air pur se fait sentir alors que nos poumons ne suffisent plus pour emmagasiner le peu d’air ambiant. Bien souvent ces gens que l’on aime, qui ne font que répéter ce qu’ils ont lu dans les journaux, sur les blogues, nous agacent… Internet peut être un pur ennemi de l’intelligence.

Généralement lors de ces dîners, le pire sera atteint lorsqu’on parle de religion.

Le monde laïc et moderne a édicté une loi monstrueuse, protéiforme, incandescente : la religion devra se confiner à « la sphère privé ». Je mets cette dernière expression médiatique entre guillemets pour les raisons que l’on comprendra, comme souvent avec les expressions médiatiques, elle ne veut rien dire. Je ne suis pas contre l’idée d’une certaine discrétion dans la pratique de la religion, mais je suis contre l’idée de me cacher d’être chrétien. Surtout dans un pays comme le nôtre ! Mais le problème ne serait-il pas là et nulle part ailleurs ? Ce pays n’en finit-il pas de se détester ?

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