Carnet de route

Le Paradis perdu de Sébastien de Courtois


Il existe une nostalgie d’un paradis perdu. Nous la ressentons tous, plus ou moins ; elle nous rattache au Péché originel et à la chute. Cette maladie tourmente les âmes pures. Elle gite et agite. Maladie de la jeunesse s’il en est, folie romantique, cette nostalgie est au cœur du roman de Sébastien de Courtois, L’ami des beaux jours.

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De l’autorité

Dans la Grèce antique, les hommes se connaissent et se reconnaissent dans le regard de leur famille, de leurs proches, de leur communauté. Les femmes se réservent le miroir qui relève de la beauté, de la féminité, de la séduction. Le reflet est partout. « Là n’est pas de lieu qui ne te voit » résume Rilke. Peut-on exister sans se soucier de son reflet ? Peut-on avoir conscience de soi sans se connaître ? Peut-on avoir conscience de soi sans être reconnu ? On peut avoir une image de soi, mais elle peut être très éloignée de soi. Ainsi l’homme ne doit pas se voir dans le miroir de peur d’être absorbé par son image. Cette image qui réussit à nous faire oublier que nous sommes là. Si l’on pense ce que l’on voit, si cela résonne en nous, on le rêve aussi. Notre image nous échappe dès que nous la voyons. Ainsi la femme s’ajuste dans le miroir quand l’homme pourrait s’y perdre, s’y noyer. Le rêve, binôme de la mémoire, dissimule le temps et l’engourdit. Qu’a-t-on vu et quand ? Le regard et l’imaginaire s’interpénètrent et ne peuvent être dissociés. Voir et se connaître se confond chez les Grecs. Voir, se connaître… mais pas trop, car si l’homme est une merveille, dans le sens d’un incident, d’une fracture fascinante à l’intérieur du vivant comme le dit le chœur d’Antigone, il recèle aussi sa propre terreur, il s’extermine et se torture, et il est bien le seul « animal » dans ce cas.

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Apprendre le chant grégorien

C’était en juin 1985, à Pont-à-Mousson, à la fin du colloque “Musiques dans l’Eglise d’aujourd’hui”. Maurice Fleuret — en paix soit son âme —, le magnifique directeur de la musique et de la danse du ministre Jack Lang, prit la parole. Parole de feu. De supplication ; on peut le dire, puisque lui-même supplia. Je le citerai ad sensum, mais ce mot je ne l’ai jamais oublié : il est de lui. Evoquant ce que la musique occidentale, depuis les origines jusqu’à nos jours, devait à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, ce que devait à la musique de l’Eglise la musique de Monteverdi, de Bach, de Mozart, de Beethoven, de Stravinski, de Messiaen : tout. A la musique liturgique de l’Eglise, la musique occidentale devait tout, dit-il. Et lui-même, Maurice Fleuret, dans sa propre vie de musicien, à la musique de l’Eglise, que devait-il ? Tout. Il lui devait tout, dit-il. Et cette musique occidentale qui devait tout à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, que devait-elle au chant grégorien ? Tout, dit-il. Au chant grégorien, toute la musique occidentale, dit-il, devait tout. Mais l’Esprit du chant grégorien, dit-il, cet esprit dont il ne pouvait imaginer qu’il cessât de souffler, où se respirait-il ? Dans la liturgie, dit-il. Et c’est à ce moment qu’il supplia l’Eglise… : Je vous en supplie, s’exclama-t-il, à l’intention des ecclésiastiques présents, ne laissez pas à l’Etat le monopole du chant grégorien. Il est fait pour la liturgie. Et c’est dans la liturgie qu’il faut le pratiquer.”

Même si le grégorien est moins chanté (quand Vatican II le recommandait comme chant majeur de la liturgie, allez comprendre), il reste le trésor de l’Europe. Maurice Fleuret, élève d’Olivier Messiaen et ministre de Jack Lang, le rappelait justement ci-dessus. Le grégorien a été omis par ceux qui le promulguaient, il est donc difficile d’y voir clair. Ceux qui se donnent du temps pour aller en retraite dans les monastères ou qui, par goût, écoutent du chant grégorien savent qu’il emporte l’adhésion des croyants et des non croyants. Le grégorien s’avère inclassable. Enraciné et lointain, puissant et délicat, humble et solennel, fragile et vigoureux. Le frère Toussaint, ancien moine de l’abbaye sainte Madeleine du Barroux, maintenant ermite, vous propose des cours de grégorien à la carte et quelque soit votre niveau. C’est un excellent professeur, et je peux en attester !

Le frère Toussaint vous propose des formules très souples. Vous pouvez suivre les cours à distance ou venir sur place (l’ermitage saint-Bède est situé entre Lyon et Grenoble). Pour l’instant, il ne peut encore héberger personne même si à terme il souhaiterait bâtir une petite hôtellerie pour recevoir des hôtes… Il existe des logements guère éloignés de l’ermitage. Qui a connu le Barroux à ses débuts connaît le désir secret mais avoué du frère Toussaint de recréer cet ambiance unique et de recevoir quelques hôtes pour les immerger dans la prière quasi-perpétuelle. Dans l’immédiat, il est de bon aloi de commencer par apprendre à chanter, ce qui laisse le temps au frère Toussaint de trouver les fonds pour augmenter sa structure (les mécènes sont ici bienvenus !). Les tarifs sont dégressifs si vous venez à plusieurs. Une heure, trois jours, toutes les formules sont possibles. Le frère Toussaint sortira avec plaisir de son érémitisme pour vous enseigner l’art du chant grégorien.

Renseignements : Apprendre le chant grégorien avec un moine bénédictin

Réservations : https://frere-toussaint.reservio.com/

Et le site complet où vous pouvez découvrir les articles du frère Toussaint sur l’érémitisme : https://www.ermites-saint-benoit.com/

à la Une

La pompe par Clive Staples Lewis

« En premier lieu, il faut vous débarrasser de cette idée nauséabonde, fruit d’un manifeste complexe d’infériorité et d’un esprit mondain, que la pompe, dans les circonstances appropriées, a quoique ce soit en commun avec la vanité ou la suffisance. Un officiant qui approche solennellement de l’autel pour célébrer, une princesse conduite par son roi dans un noble et délicat menuet, un officier supérieur passant en revue les troupes honorées lors d’une prise d’arme, un majordome en livré apportant un met fastueux à un banquet de Noël — tous portent des habits non usuels et se déplacent avec une dignité calculée et impeccable. Cela ne signifie en rien que leurs gestes sont vains, bien plutôt dociles ; leurs gestes obéissent à un impératif qui préside chaque solennité. L’habitude moderne de pratiquer des cérémonies sans aucune étiquette n’est pas une preuve d’humilité ; elle prouve plutôt l’inaptitude du célébrant impuissant à s’oublier dans le service, et sa promptitude à bâcler et gâcher le plaisir propre au rituel de placer la beauté au centre du monde et de la lui rendre accessible. »

Traduction libre de l’auteur du blogue.

Le sacrifice du chef

Un livre du général de Corps d’armée, Pierre Gillet édité aux éditions Sainte-Madeleine

« Qui est comme Dieu ? »(1), le livre du général de corps d’armée Pierre Gillet, inventorie de manière exhaustive les qualités d’un chef et dresse les vertus chrétiennes nécessaire au commandement. Ce qui pourrait passer pour un livre d’initié, un nouveau T.T.A(1), devient sous la plume délicate et virile de Pierre Gillet, ancien chef de corps du 2ème Régiment étranger d’infanterie, général commandant le corps de réaction rapide – France, une poésie de l’être, imprégnée de spiritualité, de passion, de persévérance et de dignité.

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Je t’ai choisi pour te voir combattre sous le drapeau du Christ !

Le Bienheureux Alain de la Roche (1) déplorait la tiédeur avec laquelle il récitait son chapelet, dans une église dominicaine à Paris, pendant l’octave de la Toussaint 1465. Tout à coup, Notre Dame lui apparut, accompagnée de plusieurs vierges :

« Ne fuis pas, mon fils ! lui dit-elle. Si tu as quelque doute, soit par rapport à moi, soit par rapport à mes compagnes, fais sur nous le signe de la croix.

Si nous sommes des visions d’enfer, nous disparaîtrons soudain ; si, au contraire, nous sommes des visions du Ciel, nous demeurerons, et plus vif sera encore l’éclat qui jaillit de chacune de nous. »

Alain fait son signe de croix. La lumière de l’apparition devient plus intense.

« Ô mon fils, n’aies plus de doute ! Je suis ta virginale fiancée, lui dit l’apparition ; je t’aime toujours, et toujours je m’intéresse à toi.

Mais sache que personne n’est sans peines en ce monde ; ni moi, ni mon Fils, ni aucun des saints d’ici-bas n’avons été sans souffrances. Il y a plus : couvert des armes de la foi et de la patience, prépare-toi à des épreuves plus difficiles encore que celles que tu as eu à traverser jusqu’ici.

Car je ne t’ai pas choisi pour faire de toi un soldat de parade, mais pour te voir combattre en brave et en héros sous le drapeau de Jésus-Christ et sous ma bannière à moi.

Quant à la sécheresse et à l’aridité que tu as éprouvées durant l’espace de quelques jours, ne t’en tourmente pas ; c’est moi qui ai voulu te faire passer par cette épreuve ; supporte-la comme une peine et comme un châtiment de tes anciennes fautes ; et aussi, reçois-la comme un moyen de faire des progrès dans la patience et en vue du Salut des vivants et des morts. »

(1) Alain de la Roche, né vers 1428 près de Plouër-sur-Rance en Bretagne (France) et mort en 1475 à Zwolle aux Pays-Bas, est un religieux dominicain breton du XVᵉ siècle. Il est fêté le 9 septembre.

 

Du Père René Laurentin

Lauda Sion

Magnifique séquence dans la messe de la Fête-Dieu, écrite par Saint Thomas d’Aquin, cette poésie dogmatique loue la nouvelle et véritable Sion, l’Eglise. Benoit XVI disait de cette messe : “Ce sont des textes qui font vibrer les ondes du coeur, alors que l’intelligence, pénétrant avec émerveillement dans le mystère, reconnaît dans l’Eucharistie la présence vivante et véritable de Jésus, de son Sacrifice d’amour qui nous réconcilie avec le Père et nous donne le salut.”

Loue, Sion, ton sauveur, loue ton chef et ton pasteur, par des hymnes et des cantiques.
Autant que tu le peux, ose le chanter, car il dépasse toute louange, et tu ne suffis pas à le louer.
Un sujet spécial de louange nous est proposé aujourd’hui : c’est le pain vivant et vivifiant.
Le pain qu’au repas de la Sainte Cène, Jésus donna réellement à la troupe des douze frères.
Que la louange soit pleine et sonore ; qu’elle soit joyeuse et belle, la jubilation de l’âme.
Car c’est aujourd’hui la solennité qui rappelle la première institution de cette Cène.
À cette table du nouveau Roi, la nouvelle Pâque de la nouvelle loi met fin à la Pâque antique.
Le rite ancien est chassé par le nouveau, l’ombre par la vérité ; la lumière dissipe la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène, il a ordonné de le faire en mémoire de lui.
Instruits par ses ordres saints, nous consacrons le pain et le vin en l’hostie du salut.
C’est un dogme donné aux chrétiens que le pain devient chair et le vin devient sens.
Ce que vous ne comprenez ni ne voyez, la foi vive l’atteste contre le cours des choses.
Sous des apparences diverses, simples signes et non réalités, se cachent des réalités sublimes.
La chair est nourriture, le sang boisson ; cependant le Christ demeure entier sur l’une et l’autre espèce.
Par qui le reçoit, il n’est pas rompu ni brisé ni divisé, mais reçu tout entier.
Un seul le reçoit, mille le reçoivent : chacun autant que les autres ; pris en nourriture, il n’est pas détruit.
Les bons le prennent, les méchants le prennent, mais pour un sort différent : La vie ou la mort !
Mort pour les méchants, vie pour les bons : voyez combien d’une même prise l’issue est différente.
Si enfin le sacrement est rompu, ne vous troublez pas, mais souvenez-vous qu’il y a sous chaque parcelle autant qu’en recouvre le tout.
Aucune scission de la réalité ne se produit : du signe seul il y a rupture, et elle ne diminue ni l’état ni la grandeur de la réalité signifiée.
Voici le pain des anges devenu l’aliment des voyageurs : c’est vraiment le pain des enfants, qui ne doit pas être jeté au chien.
D’avance il est signifié par des figures : l’immolation d’Isaac, l’agneau mise à part pour la pâque, la manne donnée à nos pères.
Bon Pasteur, pain véritable, Jesus, ayez pitié de nous : nourrissez-nous, gardez-nous, faites-nous voir les vrais bien dans la terre des vivants.
Vous qui savez et pouvez tout, qui nourrissez ici-bas les mortels que nous sommes : faites là-haut de nous vos commensaux, les cohéritiers et les compagnons des saints citoyens du ciel.

Bonheur de Pentecôte

L’un des bonheurs de l’octave de Pentecôte tient en la récitation du Veni, Sancte Spiritus, après la récitation du Victimae Paschali la semaine de Pâques, la liturgie ne cesse de nous émerveiller.

Venez, Esprit Saint,

Et envoyez du haut du ciel

Un rayon de votre lumière.

Venez, père des pauvres,

Venez, dispensateur des dons,

Venez, lumière des coeurs.

Consolateur très bon,

Doux hôte de l’âme,

Doux rafraîchissement.

Repos dans le travail,

Soulagement dans les chaleurs,

Consolation dans les larmes.

Ô bienheureuse lumière,

Remplissez jusqu’au plus intime

Les coeurs de vos fidèles.

Sans votre divin secours,

Il n’est rien en l’homme,

Il n’est rien d’innocent.

Lavez ce qui est souillé,


Arrosez ce qui est aride,

Guérissez ce qui est blessé.

Assouplissez ce qui est raide,

Réchauffez ce qui est froid,

Redressez ce qui est faussé.

Donnez à vos fidèles

Qui se confient en vous,

Les sept dons sacrés.

Donnez le mérite de la vertu,

Donnez le salut final,

Donnez la joie éternelle.

Ainsi soit-il. Alléluia.

Prière aux aux âmes du Purgatoire du Père André Haussaire

Ô Jésus, à Votre Cœur je confie (qui je désire : par exemple « les victimes du virus »)

Regardez (la/le ou les) puis faites ce que Votre Cœur Vous dira.

Laissez agir Votre Cœur !

Je compte sur Lui.

Je me fie à Lui.

Je m’abandonne à Lui !

Ô Jésus, par Votre Cœur très aimant, je Vous supplie d’enflammer du zèle de Votre Amour et de Votre Gloire tous les prêtres du monde, tous les missionnaires, tous ceux qui sont chargés d’annoncer Votre divine Parole, afin qu’incendiés d’un saint zèle, ils arrachent les âmes à Satan et les conduisent dans l’asile de Votre Cœur où elles puissent Vous glorifier sans cesse !

Père Éternel, qui, par amour pour les âmes, avez livré à la mort Votre Fils unique, – par Son Sang, par Ses mérites et par Son Cœur, ayez pitié du monde entier et pardonnez tous les péchés qui se commettent.

Recevez l’humble réparation que Vous offrent Vos âmes choisies.

Unissez-les aux mérites de Votre divin Fils, afin que tous leurs actes soient d’une grande efficacité.

Ô, Père Éternel, ayez pitié des âmes et n’oubliez pas que le temps de la Justice n’est pas encore arrivé, mais celui de la Miséricorde !

Recevez, Ô Père Très Saint, les souffrances et les mérites de toutes les âmes qui, unies aux mérites et aux souffrances de Jésus Christ s’offrent à Vous, avec Lui et par Lui, afin que Vous pardonniez au monde.

Ô Dieu de miséricorde et d’amour, soyez la force des faibles, la lumière des aveugles et l’objet de l’amour des âmes !

Ô mon Sauveur qui êtes aussi mon Dieu, faites que mon cœur soit une flamme de pur amour pour Vous !

(1952)

Prière en temps d’épidémie

(extrait du Rituel Romain, Titulus IX, Caput X)

V. Seigneur, ne nous traitez pas selon nos péchés.

R. Et ne nous punissez pas selon nos iniquités.

V. Aidez-nous, ô Dieu notre Sauveur.

R. Et pour la gloire de votre nom, Seigneur, délivrez-nous.

V. Seigneur, ne vous souvenez pas de nos anciennes iniquités.

R. Que vos miséricordes nous préviennent sans délai, parce que nous sommes réduits à la dernière  misère.

V. Priez pour nous, saint Sébastien.

R. Afin que nous puissions obtenir les promesses de Jésus-Christ.

V. Seigneur, exaucez ma prière.

R. Et que mon cri s’élève jusqu’à vous.

V. Le Seigneur soit avec vous.

R. Et avec votre esprit.

Exaucez-nous, ô Dieu notre Sauveur, et par l’intercession de la bienheureuse et glorieuse Marie mère de Dieu toujours vierge et du bienheureux Sébastien votre martyr et de tous les saints, délivrez votre peuple des terreurs de votre indignation et rassurez-le par les dons de votre miséricorde…. 

Soyez propice Seigneur à nos supplications et remédiez aux langueurs de nos corps et de nos âmes, afin que délivrés de ces maux, nous soyons toujours dans la joie par un effet de votre bénédiction…

Nous vous prions Seigneur de nous accorder l’effet de notre humble prière et d’éloigner avec bonté la peste et la mortalité, afin que les cœurs des hommes comprennent et sentent que de tels fléaux procèdent de votre indignation et cessent par votre miséricorde. Par le Christ Notre-Seigneur.