Le père Garrigou-Lagrange au sujet des ennemis de l’Eglise !

L’Église est intransigeante sur les principes, parce qu’elle croit, et tolérante dans la pratique, parce qu’elle aime. Les ennemis de l’Église sont au contraire tolérants sur les principes, parce qu’ils ne croient pas, mais intransigeants dans la pratique, parce qu’ils n’aiment pas. L’Église absout les pécheurs, les ennemis de l’Église absolvent les péchés.

Le sacrifice du chef

Un livre du général de Corps d’armée, Pierre Gillet édité aux éditions Sainte-Madeleine

« Qui est comme Dieu ? »(1), le livre du général de corps d’armée Pierre Gillet, inventorie de manière exhaustive les qualités d’un chef et dresse les vertus chrétiennes nécessaire au commandement. Ce qui pourrait passer pour un livre d’initié, un nouveau T.T.A(1), devient sous la plume délicate et virile de Pierre Gillet, ancien chef de corps du 2ème Régiment étranger d’infanterie, général commandant le corps de réaction rapide – France, une poésie de l’être, imprégnée de spiritualité, de passion, de persévérance et de dignité.

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Être soi

Être soi ne s’efface jamais dans l’habitude. L’identité est une recherche et une affirmation, un enantiodromos permanent, comme un état de siège qui ne craint aucun ennemi. Qui suis-je ? Où vais-je ? Accepter sans cesse de se remettre en question et d’explorer le mystère de la vie, mais caparaçonné de ce que l’on sait de soi et exposé à la négociation de soi au monde, c’est-à-dire que s’il y a quelques certitudes, elles s’émancipent des doutes… Mais ce qu’il ne peut pas, c’est y avoir rien.

Le révolutionnaire et le pardon

Le révolutionnaire n’a aucune appétence pour le pardon, car il déteste le don qui lui semble suspect et l’autre avec qui il aurait pu sceller l’avenir.

Pour le révolutionnaire, mû par l’envie, la seule forme de pardon qui lui est propre passe par l’humiliation ou la mort de son opposant afin de célébrer sa victoire méritée sur un nanti.

La tradition sert à ne pas oublier

La tra­di­tion oblige à une con­ver­sion per­ma­nente. La tra­di­tion n’est pas une sinécure ! La tra­di­tion demande un effort de tous les instants. Et même le plus impor­tant des efforts : ne pas oublier. La tradition sert à ne pas oublier et demande que soit réalisé un effort répété pour se souvenir. Elle ne peut exister autrement que par ce mouvement de va et vient entre le sens qu’elle donne et la compréhension de ce sens à travers son actualité.

La volonté seule ou la seule volonté

Antigone sait que l’homme ne doit pas croire en sa seule volonté. Là aussi il s’agit de pouvoir qui se gonfle de sa superbe. La volonté seule se pervertit, elle se corrompt, se flétrit et s’enorgueillit. La seule volonté, ou la volonté seule qui souvent l’accompagne, investit l’espace dès l’oubli d’une puissance supérieure, l’autorité. Tous ceux qui agissent en politique sans se référer à une force supérieure se fourvoient. C’est une leçon d’Antigone, l’une des lois oubliées par Créon qu’elle redore et rappelle.

Diversité (suite)

… Sounge i felibre esteba… Je songe aux Félibres… C’est le propre des bons artisans du Divers, que de le retourner ainsi bout pour bout. Serait-il jamais atteint ? C’est la ruine, la mort. Il renaît toujours : en arrière soudain, quand par devant on lui tend les bras.

Cependant, là-bas, Boissière écrit : Le Bouddha, Cimetière d’Annam, etc.

En 96, un an avant sa mort, d’admirables vers d’exotisme à rebours :

Aujourd’hui, lasse d’attendre le baiser des Sirènes — Ma Chair lasse retourne au village natal — où l’écho du monde encore me fascine…

Par là-bas, errantes, des fumées se tordent : Ce sont d’anciens désirs, de vieux péchés qui brûlent… .

Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, Une esthétique du Divers, Editions Fata Morgana.

Diversité

Je ne sais, si comme moi, entendre le mot diversité (qui a remplacé le mot Autre) provoque chez vous un début de nausée. Victor Segalen est un auteur qui agit comme un remède à ce haut-le-cœur. 

Bel exemple que Jules Boissière qui, provençale, félibre, écrivit ses plus beaux vers félibriens à Hanoï.

Voici bien la diversité, qui plonge en soi pour accueillir l’autre. Les discours des politiques qui n’ont que le mot diversité à la bouche poussent un grand vide devant eux et l’agitent avec d’autant plus d’audace qu’ils essaient de convaincre et de se convaincre, mais ils ont perdu la conscience qu’ils le dénaturent et le violent dès qu’ils en prononcent le nom. 

Il n’est possible de parler de diversité qu’en étant à l’écoute de soi, de son être intime. Voilà ce que signifie être sensible au divers. Ceux qui se gorgent de divers sans accomplir cet effort ne sont que des internationalistes déguisés.

Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers. Éditions Fata Morgana.

Essai sur l’exotisme

Ne peuvent sentir la Différence que ceux qui possèdent une Individualité forte.

En vertu de la loi : tout sujet pensant suppose un objet, nous devons poser que la notion de Différence implique aussitôt un point de départ individuel.

Que ceux-là goûteront pleinement l’admirable sensation, qui sentiront ce qu’ils sont et ce qu’ils ne sont pas.

L’exotisme n’est donc pas cet état kaléidoscopique du touriste et du médiocre spectateur, mais la réaction vive et curieuse au choix d’une individualité forte contre une objectivité dont elle perçoit et déguste la distance. (Les sensations d’Exotisme et d’Individualisme sont complémentaires).

L’Exotisme n’est donc pas une adaptation ; n’est donc pas la compréhension parfaite d’un hors soi-même qu’on étreindrait en soi, mais la perception aiguë et immédiate d’une incompréhensibilité éternelle.

Partons donc de cet aveu d’impénétrabilité. Ne nous flattons pas d’assimiler les mœurs, les races, les nations, les autres ; mais au contraire éjouissons-nous de ne le pouvoir jamais ; nous réservant ainsi la perdurabilité du plaisir de sentir le Divers. (C’est ici que pourrait se placer ce doute : augmenter notre faculté de percevoir le Divers, est-ce rétrécir notre personnalité ou l’enrichir ? Est-ce lui voler quelque chose ou la rendre plus nombreuse ? Nul doute : c’est l’enrichir abondamment, de tout l’Univers. Clouard dit très bien : “Ce naturalisme, on voit que ce n’est pas notre abaissement, ni notre dispersion, ni un avantage qu’obtiendrait la nature aux dépens de la personnalité humaine, c’est l’empire agrandi de notre esprit sur le monde.”).

Victor Segalen, Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers. Éditions Fata Morgana.