Les taches de la famille

Pourquoi croit-on facile d’avoir une famille ?
On croit facile ce qui est naturel.
Pourtant, le sens du naturel s’est évaporé en oubliant sa loi.
Ainsi en va-t-il de l’amour.
L’amour naît de la loi,
Il meurt quand on la foule aux pieds.
L’amour périt sous les coups de l’anarchie
Qui confond l’amour et le dissimule.
L’amour prend d’autres atours.
Comment croire qu’il suffit de céder à une émotion pour aimer ?
Ce n’est plus de l’amour,
Mais on continue de l’appeler ainsi comme pour se convaincre du contraire.
Comment accepter le dépit, la lassitude, le forfait, la frustration ?
Le cortège qui suit l’émotion.
Pourquoi ne sait-on pas aimer ?
Car l’amour n’est pas une émotion.
On ne sait plus ni regarder, ni sentir, ni vivre.
Et on ne sait surtout pas prier :
Être avec soi, et plus encore.
Et il faut beaucoup prier pour aimer.
Nous devenons sans cesse ce personnage ailé devenu « gauche et veule ».
Les gens qui n’ont pas d’âme n’ont pas de famille.
Avoir une famille, c’est unir ses âmes.
C’est l’âme qui recueille la force.
C’est l’âme qui recense l’intelligence.
C’est l’âme qui discerne dans les temps fort le chemin à suivre.
Les gens qui n’ont pas d’âme peinent comme des invalides.
Qui n’a pas d’âme ?
Tous ceux, nombreux, qui l’ont enfouie, enterrée, bradée, escamotée.
On a cru que le dédain de la vie intérieure provoquait l’absence d’âme…
L’étouffement de l’âme rançonne tout ce qui lui appartient, donc la vie intérieure.
Comme une personne engloutie par un gouffre essaie de survivre et s’agrippe à tout ce qui se présente sous sa main.
On souffre beaucoup de la famille.
Elle ne va pas dans le sens espéré.
Elle vogue allègrement dans le sens contraire. 
On accède maintes fois au même refuge, la colère
Qui possède et envoûte et dérègle.
L’émotion possède et altère le lien à l’âme.
Elle embrase le cœur, le dénude complètement et le laisse seul, échoué sur son propre rivage.
Il tente de jouer sa partition terrestre, agité par l’émotion, soumis à ses soubresauts
Il se retrouve dupé, étrillé et rompu.
C’est ainsi que tant de maladies lui sont imputées.
Le coeur interprète l’âme.
On les confond souvent.
Le cœur frôle l’âme et comprend qu’il protège un trésor,
Et retombe dans la mouise d’un quotidien plein de rancœurs.
Les gens qui n’ont plus d’âme ne peuvent pas construire de famille.
L’âme doit être aimée pour vivre.
L’âme regorge de tant de force et d’une telle fragilité.
Sans amour, elle s’étiole et s’engourdit.
Elle s’amenuise et, discrète, se fait oublier.
Elle met un point d’honneur à ne pas déranger.
L’âme disparaît-elle par manque d’amour ou le manque d’amour conduit-il à sa perte ?
Les familles s’écorchent jusqu’à ce que leurs âmes s’unissent.
Elles apprennent à aimer en découvrant leurs âmes et en les laissant se frôler.
Seul l’abandon permet cette folie.
L’amour s’exprime dans cette délicatesse et cette fugacité.
Qui est à toujours gagner et qui se renouvelle par son utilisation.
Évanescent, comme la condition humaine
Rêvant un monde meilleur.
Nous obligeant, par sa singularité et son élégance, à nulle autre pareille.
Frôler son âme revient à l’aimer follement et à la perdre et à l’aimer follement à nouveau…
Nous vivons avec ces taches de nos manquements envers nos familles.
Elles s’effacent devant l’amour comme neige au soleil.



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