Dans cette petite réflexion sur le pardon, je voulais juste revenir sur l’insuffisance de dire pardon. Pardonner est quelquefois d’une difficulté extrême. J’avoue garder encore quelques rancoeurs au fond de mon coeur. Je n’ai de cesse de les confesser et de demander un peu de grâce pour attendrir la dureté de mon coeur, mais non, rien n’y fait vraiment, et j’ai plutôt appris à vivre avec cette dureté que j’ai malgré tout réussi à circonscrire, que je n’ai pardonné sincèrement et intimement. Pourquoi ? Pourquoi n’arrivé-je pas à réduire en poussière cette dureté de coeur ? Elle semble comme plus forte que moi et cela m’inquiète, je ne saurais le cacher.
Après y avoir maintes fois réfléchi, je me suis rendu compte qu’il était factice de pardonner verbalement. Dans mon cas, j’ai pu dire plusieurs fois à quelqu’un que je lui pardonnais, j’ai pu prier aussi sincèrement que possible pour lui, mais dans le fond restait lovée cette acrimonie. Et je me suis rendu compte que cette acrimonie était là et que je n’avais aucun moyen de l’extraire, car il n’y avait qu’un moyen de l’extraire, c’était de faire des choses ensemble, d’avoir un projet commun, aussi petit soit-il. Souvent, j’ai gardé ainsi de l’acrimonie pour des gens que je ne vois plus, dont je me suis éloigné, ou qui se sont écartés de moi… Et j’ai compris que cette acrimonie que je ne parvenais pas à extraire venait de cet état de fait. N’ayant plus contact avec eux, je ne pouvais partager un projet avec eux, nous ne pouvions partager un même but à nouveau. Le pardon restait lettre morte.
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