Cher Monsieur l’Abbé,
C’est avec grand plaisir que je salue votre départ. Non pas que je sois heureux que vous quittiez la chapelle Notre-Dame du Lys, mais parce que je suis heureux de vous avoir rencontré et que vous continuiez votre sacerdoce en montrant l’exemple du prêtre selon Benoit XVI.
Hier, pour la fête de la Sainte Trinité, vous avez célébré votre dernière messe selon le rite extraordinaire dans le 15e arrondissement de Paris. Dans cette petite chapelle si pieuse, où vous êtes arrivé en 2009 lorsque le diocèse de Paris a commencé à assumer la responsabilité de la chapelle et à nommer des prêtres à son service. Et alors que vous aviez déjà été ordonné prêtre depuis presque dix années, vous avez appris à célébrer la messe selon le missel de 1962 ! Belle leçon d’humilité ! Vous vous êtes coulé dans le moule de la forme bi-millénaire. Pour répondre à la demande de vos supérieurs, mais aussi à celle d’un groupe d’irréductibles fidèles amoureux du rite extraordinaire.
Il vous a fallu tout apprendre. Comme un jeune prêtre frais émoulu du séminaire. Avec le même enthousiasme. S’il est assez aisé pour un prêtre formé à la messe de Saint-Pie V de célébrer une messe de rite ordinaire, il est un peu plus périlleux et compliqué de faire le chemin inverse.
Et si je dis de vous que vous êtes un prêtre génération Benoit XVI (bien que vous ayez été ordonné sous Jean-Paul II), c’est que vous incarnez le prêtre moderne que notre bien-aimé pape appelle de ses voeux. Celui qui est apte à passer d’un rite à l’autre. Celui qui sait enrichir et s’enrichir des deux formes de célébration liturgique. Et c’est bien en ce sens d’ailleurs que l’analyse de Jean-Michel Guénois est exacte*. Il n’y aura vraisemblablement pas d’autres textes après l’« Universae Ecclesiae » comme l’indique le journaliste du Figaro, mais il paraît clair à lire les différents textes publiés par Benoit XVI ou par ses proches collaborateurs, à voir le Saint-Père donner l’exemple lors de célébrations eucharistiques qu’il célèbre, qu’il s’agit plus d’une voie tracée à emprunter absolument et faisant partie intégrante de la nouvelle évangélisation. Cette voie n’a qu’un objectif : l’enrichissement de l’un et l’autre rite par l’un et l’autre rite. Je ne saurai dire si la volonté profonde de Benoit XVI est que les deux rites se réunissent un jour, mais il me paraît évident qu’il souhaite qu’ils s’enrichissent.
Cher Monsieur l’Abbé Fazilleau, vous êtes le premier prêtre diocésain célébrant la messe tridentine que j’ai eu l’honneur de connaître (j’ai connu dans l’autre sens des prêtres venant des Fraternités sacerdotales Saint-Pie X ou Saint-Pierre devenir diocésains). Comme vous nous l’avez dit à la fin de la messe : « Ça a été pour moi un immense plaisir de découvrir la forme extraordinaire. Je vous remercie d’avoir été clément avec moi alors qu’au début je tâtonnais à la maitriser. Lorsque je rencontre un jeune prêtre maintenant, je lui dis d’apprendre la forme extraordinaire, car ce rite est le coeur de la messe de Paul VI, et le connaître enrichit considérablement la manière de célébrer la messe. »
Pour nous aussi ce fut un immense plaisir. Bon vent dans le Poitou où je l’espère vous trouverez un groupe de fidèles vous demandant la messe en rite extraordinaire afin que vous puissiez continuer à célébrer les deux formes.
Je vous prie de croire, mon Père, en l’expression de mes sentiments respectueux.
Emmanuel Di Rossetti
* Article de Jean-Marie Guénois : Messe en latin, Benoît XVI n’ira pas plus loin
Découvrir : La chapelle Notre Dame du Lys.
Par l’exemple ! Une célébration eucharistique de Benoit XVI à Venise les 7-8 mai commença par cette requête :
« Dans le respect de ces divins mystères que nous sommes en train de célébrer en communion avec S.S. le pape Benoît XVI, recueillons-nous en priant en silence ; par conséquent, qu’on n’applaudisse plus, pas même durant l’homélie, et que l’on ne fasse plus usage de drapeaux ni d’affiches. »
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