Extrait de La Sainte Messe, hier, aujourd’hui et demain, citation de Monsieur Dominique Ponnau, directeur de l’Ecole du Louvre, Conférence donnée au Mans, le 19 septembre 1998.

“Je me souviens. Ce souvenir est pour moi une référence culturelle et humaine quasi de chaque jour. C’était en juin 1985, à Pont-à-Mousson, à la fin du colloque “Musiques dans l’Eglise d’aujourd’hui”. Maurice Fleuret — en paix soit son âme —, le magnifique directeur de la musique et de la danse du ministre Jack Lang, l’ami de Pierre Mauroy, l’homme de gauche, le promoteur aussi éclairé que déterminé de la musique contemporaine, prit la parole. Parole de feu. De supplication ; on peut le dire, puisque lui-même supplia. Je le citerai ad sensum, mais ce mot je ne l’ai jamais oublié : il est de lui. Evoquant ce que la musique occidentale, depuis les origines jusqu’à nos jours, devait à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, ce que devait à la musique de l’Eglise la musique de Monteverdi, de Bach, de Mozart, de Beethoven, de Stravinski, de Messiaen : tout. A la musique liturgique de l’Eglise, la musique occidentale devait tout, dit-il. Et lui-même, Maurice Fleuret, dans sa propre vie de musicien, à la musique de l’Eglise, que devait-il ? Tout. Il lui devait tout, dit-il. Et cette musique occidentale qui devait tout à l’Eglise, à la liturgie de l’Eglise, que devait-elle au chant grégorien ? Tout, dit-il. Au chant grégorien, toute la musique occidentale, dit-il, devait tout. Mais l’Esprit du chant grégorien, dit-il, cet esprit dont il ne pouvait imaginer qu’il cessât de souffler, où se respirait-il ? Dans la liturgie, dit-il. Et c’est à ce moment qu’il supplia l’Eglise… : Je vous en supplie, s’exclama-t-il, à l’intention des ecclésiastiques présents, ne laissez pas à l’Etat le monopole du chant grégorien. Il est fait pour la liturgie. Et c’est dans la liturgie qu’il faut le pratiquer.”

Témoignage chrétien – 2

Lorsque j’ai commencé ce blogue, très vite m’est venue l’idée d’écrire sur la liturgie. Non pas pour revendiquer un statut de spécialiste, mais pour partager mon expérience de ce qui représente le coeur de la vie d’un chrétien. Il y avait donc deux routes qui devaient se fondre : Il fallait raconter la messe (et ses bienfaits), et ensuite confier le cheminement qui l’avait révélée.

Partie 2 : le christianisme, roi des communautés – Au pied de l’autel

Lorsque je vivais à Londres, la pensée de la spiritualité n’a cessé de m’habiter. Ma quête se résumait à la recherche permanente de la vie intérieure. Ce cœur qui bat, qui palpite ne pouvait être que chair et sang. C’était là mon intuition. Vingt-cinq ans plus tard, c’est une certitude qui m’habite : ne pas laisser battre et palpiter ce cœur sans lui accorder suffisamment de temps, d’attention et d’affection. Sans cesse, chercher à approfondir ce mystère qui l’entoure. Tout ce qui empêche ce dialogue, tout ce qui interfère avec cette liaison, provoque mon plus profond mépris. Cette intimité brûlante a de parfaits ennemis ourdis par le monde moderne, des ennemis comme le communautarisme et le syncrétisme.

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Sur l’air vicié de nos sociétés

« On nous dit que l’air du monde est irrespirable. J’en conviens. Mais les premiers chrétiens trouvaient chaque matin à leur porte une atmosphère saturée de vices, d’idoles, et d’encens offert aux divinités. Ils ont été pendant plus de deux cents ans relégués, calomniés et marginalisés par le courant du fleuve social qui les emportait et les rejetait tout ensemble. Est-ce que l’on songe que la grâce de leur baptême les tenait à l’écart de la vie urbaine presque dans sa totalité ? Ils renonçaient à prendre part aux grandes prestations civiques, comme l’entrée en fonction d’un magistrat, ou le triomphe d’un général vainqueur, parce qu’aucune de ces cérémonies ne pouvait s’inaugurer sans un sacrifice d’encens offert à l’empereur, personnage divin. La grâce de leur baptême les tenait à l’écart des thermes, lieu de rencontre matinal fort prisé des Romains, à cause de la nudité des corps et de l’impudeur des attitudes. Ils renonçaient également aux spectacles du cirque à cause des scènes de cruauté qui en faisaient la matière principale. Mais ces premiers chrétiens ont formé une société, et cette société par la force de l’esprit a fait sauter la carapace du paganisme antique. Leur espérance terrestre se bornait à désirer ne pas mourir avant de voir le Christ revenir sur les nuées, et ils ont été les fondateurs de l’Europe chrétienne. »

Dom Gérard, in Demain la chrétienté

Discours de Donoso Cortès (1850)

« Les armées régulières sont aujourd’hui la seule chose qui empêche la civilisation de se perdre dans la barbarie. Aujourd’hui s’offre à nos yeux un spectacle nouveau dans l’histoire, nouveau dans le monde : quand, Messieurs, le monde a-t-il vu, sauf de nos jours, que l’on va vers la civilisation par les armes et vers la barbarie par les idées ? Eh bien, le monde est en train de le voir au moment où je parle. Ce phénomène, Messieurs, est si grave, si étrange, qu’il exige quelques explications de ma part. Toute civilisation véritable vient du christianisme. Cela est si vrai que la civilisation tout entière s’est concentrée dans la zone chrétienne. Hors de cette zone il n’y a pas de civilisation, tout est barbarie. Et cela est si vrai qu’avant le christianisme, il n’y a pas eu de peuples civilisés parce que le peuple romain et le peuple grec n’ont pas été des peuples civilisés. Ils ont été des peuples cultivés, ce qui est très différent.
« Le christianisme a civilisé le monde en faisant ces trois choses : il a civilisé le monde en faisant de l’autorité une chose inviolable, de l’obéissance une chose sainte, de l’abnégation et du sacrifice, ou mieux de la charité une chose divine. De cette manière le christianisme a civilisé les nations. Eh bien (et voici la solution d’un grand problème), les idées d’inviolabilité de l’autorité, de la sainteté de l’obéissance et de la divinité du sacrifice, ces idées-là n’existent plus dans la société civile : elles sont dans les églises où on adore le Dieu juste et miséricordieux, et dans les camps où on adore le Dieu fort, le Dieu des batailles sous les symboles de la gloire. Et parce que l’Eglise et l’armée sont les seules qui aient conservé les notions d’inviolabilité de l’autorité, de sainteté de l’obéissance et de divinité de la charité, elles sont aussi les deux représentants de la civilisation européenne.
« Je ne sais pas, Messieurs, si votre attention aura été attirée comme la mienne par la ressemblance, la quasi-identité entre les deux personnes qui semblent être les plus distinctes, les plus opposées, la ressemblance entre le prêtre et le soldat. Ni l’un ni l’autre ne vivent pour soi, ni l’un ni l’autre ne vivent pour leur famille. Pour l’un et pour l’autre c’est dans le sacrifice et dans l’abnégation que se trouve leur gloire. La charge du soldat est de veiller à l’indépendance de la société civile. La charge du prêtre est de veiller à l’indépendance de la société religieuse. Le devoir du prêtre est de mourir, de donner sa vie comme le bon pasteur pour ses brebis. Le devoir du soldat, comme un bon frère, est de donner sa vie sacerdotale, le sacerdoce vous apparaîtra, et il l’est en effet, comme une véritable milice. Si vous considérez la sainteté du métier militaire, l’armée vous paraîtra un véritable sacerdoce. Qu’en serait-il du monde, qu’en serait-il de la civilisation, qu’en serait-il de l’Europe s’il n’y avait pas de prêtres ni de soldats ? »

L’abandon de Benoît XVI

Océan

“Eli, Eli lama sabachtani ?” 1 Lorsque Benoît XVI signifie, en quelques mots simples, qu’il renonce à la fonction de pape, c’est un tremblement de terre qui secoue le monde et qui frappe les catholiques. Les bruits les plus farfelus courent et chacun de s’interroger sur les causes de cette décision qui, même si elle n’est pas unique, provoque la stupeur. Personnellement deux sentiments m’habitent : l’abandon et la tristesse, son poisson-pilote, pour ne pas dire la désolation. L’abandon ressemble à un écho qui ne cesse de se reproduire et de s’amplifier, comme une plainte entêtante.

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Une année qui finit…

Sur une année qui finit, on jette souvent un regard furtif. Ne pas trop s’attarder. On ne sait jamais combien de choses dont on s’est forcé à enfouir le souvenir pourraient à nouveau apparaître, à l’instar de ces fenêtres “pop up” impromptues, malpolies et irritantes sur Internet. L’exercice que l’on peut réaliser est de se concentrer très fortement pour extraire les événements importants ; les événements qui permettront de comprendre pourquoi ils ont tellement compté ; en quoi ils se sont révélés déterminants. Il est aussi important de ne pas perdre de vue le moment où l’événement apparaît.

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Monseigneur Centène…

Les Vannetais sont des gens bien lotis. L’homélie de Monseigneur Centène en la cathédrale Saint-Pierre de Vannes dimanche dernier revigore. Ce n’est pas la première fois que les homélies de Monseigneur Centène sont citées sur les sites catholiques, et au vu de la qualité de celles-ci, ce n’est pas près de finir.

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Newman et Socrate

Les liens entre la philosophie grecque antique et le christianisme sont nombreux. Le plus fameux des préceptes grecs : Gnothi Seauton, « Connais-toi toi-même », inscrit à Delphes garde un certain mystère. Un autre bout de phrase nous est resté : « Mais pas trop »… Connais-toi toi-même… Mais pas trop ! Platon amène Socrate à réfléchir à la formule delphique dans le Philèbe :

SOCRATE — C’est en somme une espèce de vice qui tire son nom d’une habitude particulière, et cette partie du vice en général est une disposition contraire à celle que recommande l’inscription de Delphes.

PROTARQUE — C’est du précepte : connais-toi toi-même, que tu parles, Socrate ?
SOCRATE — Oui, et le contraire de ce précepte, dans le langage de l’inscription, serait de ne pas se connaître du tout.
« Connais-toi toi-même » afin de t’améliorer, de gommer en toi ce qui gêne à ton épanouissement. Ne pas se connaître est déjà une faute pour Socrate. « Mais pas trop », car l’homme se croit si facilement beaucoup plus qu’il n’est, fils d’Adam, l’homme est le jouet de sa présomption. « Mais pas trop » afin de ne pas te prendre pour un dieu.
Il s’agit de l’un des fondements de la culture grecque, l’idée de se connaître, l’idée de sagesse, d’avancée dans la sagesse, mais le sentiment aussi qu’à trop creuser les surprises peuvent surgir, et pas forcément de bonnes. Les Grecs étaient très conscients des faiblesses de l’homme, de ses insuffisances. Les Grecs sont même, avec les chrétiens, ceux qui ont le plus mis en avant la possibilité de faiblesse de l’homme, c’est aussi ce qui nous les rend si proche. La faiblesse de l’homme s’exprime dans leurs évangiles, les tragédies. Pitié et terreur en sont les deux piliers. Connais-toi toi-même… mais pas trop.

Émotion à Notre-Dame du Lys

C’est une très belle émotion que toute l’assistance de fidèles de Notre-Dame du Lys a ressentie ce matin à la sainte messe de 11h15. Une délégation de chrétiens irakiens de Bagdad était présente ainsi qu’un prêtre irakien qui a eu des mots simples et touchants pour témoigner du massacre du mois d’octobre dernier dans la cathédrale de Bagdad. Le rappel des faits par l’un des témoins de ce carnage a transporté l’assemblée pendant quelques secondes dans un profond recueillement. Les jeunes irakiens présents ont suivi la messe de rite extraordinaire avec ferveur et recueillement. Le beau sermon de l’abbé Charles Fazilleau a été traduit en arabe de manière à ce que les irakiens puissent retenir les leçons de ce dimanche de la Passion.

À la sortie de la chapelle, les sourires et les poignées de main échangés avec ces jeunes hommes d’Orient déjà tant éprouvés dans leur foi ont été un moment émouvant et joyeux. Bien au-delà de la barrière de la langue, une joie infinie transparaissait dans les regards. La joie d’être vivant en le Christ.