La prière à la Vierge Marie de Max Jacob

Louange à cette petite fille de la campagne,

Qui a mérité d’être la mère de Dieu !

Il me semble qu’elle était née en Bretagne

Et qu’elle a vécu là sous mes yeux….

Elle est l’unique.

Elle est saluée par Gabriel ;

Elle le mérite :

C’est pourquoi Dieu est sur elle.

Il est en elle, il est autour d’elle ;

Il est son époux, son fils, son père ;

Elle est sa nourrice et sa mère ;

Elle est sa reine, il est son roi.

Vierge unique, veillez sur moi. 

Le moment n’est pas venu pour les gouvernements de durer

Le futur Pie IX, encore cardinal, répondant à l’empereur Napoléon III, dit ceci : « Sire, quand de grands politiques comme votre Majesté m’objectent que le moment n’est pas venu, je n’ai qu’à m’incliner parce que je ne suis pas un grand politique. Mais je suis un évêque, et comme évêque je leur réponds : le moment n’est pas venu pour Jésus-Christ de régner ? Et bien ! Alors le moment n’est pas venu pour les gouvernements de durer. »

Claude Bruaire

La douleur désigne la sensation “négative” dans l’agression qui affecte l’être par le corps. On emploie le mot pour l’agression localisée, en vivacité variable, réservant “souffrance” à l’épreuve de tout l’être, atteint en sa profondeur, dans son être personnel.

Une éthique pour la médecine. De la responsabilité médicale à l’obligation morale. Éditions Fayard.

Prière de l’artisan

Prière monastique du XIIe siècle
Apprends-moi, Seigneur, à bien user du temps que tu me donnes pour travailler…
Apprends-moi à unir la hâte et la lenteur, la sérénité et la ferveur, le zèle et la paix. Aide-moi au départ de l’ouvrage. Aide-moi au cœur du labeur… Et surtout comble toi-même les vides de mon oeuvre : Seigneur, dans tout labeur de mes mains laisse une grâce de Toi pour parler aux autres et un défaut de moi pour parler moi-même.

Garde en moi l’espérance de la perfection, sans quoi je perdrais cœur. Garde-moi dans l’impuissance de la perfection, sans quoi je me perdrais d’orgueil…

Seigneur, ne me laisse jamais oublier que tout travail est vide sauf là où il y a amour…

Seigneur, enseigne-moi à prier avec mes mains, mes bras et toutes mes forces. Rappelle-moi que l’ouvrage de mes mains t’appartient et qu’il m’appartient de te le rendre en le donnant… Que si je fais pour plaire aux autres, comme la fleur de l’herbe je fanerai au soir. Mais si je fais pour l’amour du bien, je demeurerai dans le bien. Et le temps de faire bien et à ta gloire, c’est tout de suite.

Amen

Antigone, insoumise et intime (7/7. L’amour)

7ème et dernière partie : L’amour

Le désir d’Antigone est familial, elle ne veut pas laisser son frère sans sépulture ; Créon, lui, désire s’affirmer en tant que roi et montre son pouvoir. Antigone privilégie les liens familiaux qui incarnent l’amour et révèlent un être. Créon assoit son pouvoir en signant un acte de loi qui doit établir son autorité. Un même mot caractérise leur action : le désir. Mais le désir ne reconnaît pas le désir chez l’autre, on pourrait croire, surtout si l’on est tenté d’aduler le désir pour lui-même, que le désir adoube tout désir qu’il rencontre. Entre Créon et Antigone, c’est la mesure des désirs qui compte. Face à face, Antigone et Créon vont augmenter la mesure de leurs désirs à l’adversité qu’ils rencontrent. Mais la source du désir d’Antigone est-il encore compréhensible de nos jours ? En effet, le désir d’Antigone, ce désir qui se fonde sur la justice, justice faite et rendue à la dépouille de son frère et aux dieux, ce désir prend tout son sens, car il est communautaire, il s’inscrit dans une cité et dans une famille, vision réduite de la cité, et dans une croyance, Antigone s’adosse aux dieux pour interpeller Créon. Antigone n’exprime pas un désir personnel, elle défend une loi éternelle, elle défend son devoir à le dire, à le clamer devant n’importe quel pouvoir qui se croirait au-dessus d’elle. Depuis quand n’entendons-nous plus qui que ce soit s’ériger dans l’espace public pour clamer son devoir au prix de sa vie ? Le pire ? Nous nous sommes habitués à ce silence, cette résignation, les lois transcendantales ne nous disent plus grand-chose, donc rien ne vient surplomber et donc corriger les lois qui passent devant nous et nous encerclent comme des détritus dans un courant d’eau. Les communautés qui fortifiaient l’individu au sein d’un espace qui le protégeait et lui permettait de grandir ont volé en éclats. L’individu ressemble maintenant à un électron fou qui ne peut se construire que des bourrasques de vent qui l’épuisent et le déboussolent sans cesse et effacent jusqu’au goût du sens à donner à sa vie. La vie sociale repose sur le droit et le droit seul, mais en un lieu sans géographie composée de gens hors sol tous les droits se valent et se concassent dans un odieux capharnaüm. Créon a le pouvoir. Antigone est la fille d’Œdipe. À une époque où il ne s’agit plus que d’avoir, de posséder, d’acquérir, Antigone pèse — puisqu’il faut évaluer — bien peu. La destruction méthodique de toute métaphysique s’apparente à un crime contre l’humanité. Peut-être le plus grand que le monde a connu. Puisque d’un clic, je peux tout acquérir je n’ai plus besoin que de connaître mon désir pour le rassasier. On comprend aussi que ce désir individuel que plus rien ne protège de son appétit n’accepte aucune limite et surtout pas celle posée par autrui ; alors entre en jeu l’envie, le désir dévoyé, avili.

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Identité

L’identité se divise d’une part en un socle qui est en nous sans que nous puissions en tirer un mérite particulier, notre nature et l’éducation que nous avons reçues, et un mouvement constitutif de la vie qui découvre des éléments qui ne sont pas répertoriés par notre nature ou notre éducation, mais qui doivent être lus à la hauteur de notre nature et de notre éducation. Une bonne part de ce processus se déroule sans que nous ayons même à y penser. Il est pourtant essentiel, primordial et nous oblige à la révision permanente de cette nature et de cette éducation, tout comme à la révision permanente de ces nouveaux éléments à travers le prisme de notre nature et de notre culture. L’équilibre, ici encore, s’avère essentiel. Il n’est pas question d’oublier ou pire de ne pas avoir conscience de notre nature, d’oublier ou pire de perdre les bienfaits de notre éducation, pour aborder les rivages de la nouveauté, ou bien nous ne serons rien qu’un drapeau élimé dans le vent, nous n’aurons aucun critère pour juger de la nouveauté et nous risquerions de ne voir en cette nouveauté qu’une nouveauté, et de ne l’aimer que pour cela.

Blanc de Saint Bonnet sur la France contemporaine

En 1851, Blanc de Saint Bonnet disait :

Quand les hommes perdent de vue les nécessités morales, Dieu fait sortir la lumière des nécessités d’un autre ordre. Si la foi n’est plus reçue par l’oreille, elle nous sera enseignée par la faim. Le christianisme constituera la société moderne où la verra voler en éclats. Les faits économiques, avant peu, mettront les vérités à nu. Vos lois auront tout reconnu, tout consacré et tout administré ; les moyens humains seront tous employés : jamais armée plus nombreuse, jamais législation plus complète, jamais administration plus puissante ; alors, arrivé au bout des causes secondes, vous viendrez vous briser contre la cause première ! Ce ne sera plus la doctrine méconnue que l’on entendra, ce ne sera plus la conscience inécoutée qui criera.  Les faits parleront leur grande voix. La vérité quittera les hauteurs de la parole ; elle entrera dans le pain que nous mangeons, dans le sang dont nous vivons ; la lumière sera du feu. Les hommes se verront entre la vérité et la mort… auront-ils l’esprit de choisir ?