Et par saint Antoine… (Décès du général Antoine Lecerf)

Antoine n’est plus. Il est parti le Vendredi saint. Le 22 avril 2011. Il est dans la maison du Père. Antoine, c’est Antoine Lecerf. Le général de corps d’armée Antoine Lecerf. Un maître de guerre. Un brillant meneur d’hommes. L’un des hommes les plus extraordinaires que j’ai connu.

Lorsque vous rencontriez Antoine Lecerf la première fois, il y avait cette franche et ferme poignée de main, mais il y avait immédiatement autre chose ; quelque chose qui relevait du charisme. Antoine Lecerf aurait charmé des serpents. Il vous serrait la main et immédiatement il y avait envoûtement. Il voulait tout de suite savoir si vous étiez avec lui, si vous étiez prêt, si vous adhériez à son projet. Quel projet ? Il en avait un nouveau toutes les cinq minutes. Et il n’en laissait tomber aucun. Il pensait vite, mais son amitié durait longtemps. Il voulait savoir si vous étiez avec lui et il avait un moyen infaillible de le savoir : il vous serrait la main, il la gardait, son visage s’approchait du votre, il venait à votre rencontre, il voulait savoir. Il vous serrait la main, il la gardait, son visage s’approchait du votre et il plissait un peu sa paupière gauche comme pour améliorer son acuité visuelle, comme pour être bien sûr de ce qu’il allait voir, de ce que vous alliez lui dévoiler. Son oeil plissé, ce regard pénétrant venait chercher quelque chose. Il cherchait cette petite flamme. Il voulait savoir si vous aussi vous étiez animé. Antoine Lecerf ne frayait qu’avec des gens animés. Rien ne l’intéressait plus que de savoir si vous aussi vous l’étiez, ou même à un degré moindre si vous pouviez l’être (ce qui suffisait à le contenter, car le potentiel avait une valeur toute particulière pour lui). Antoine Lecerf vous choisissait. Et rien n’était moins le fruit du hasard.

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Revue de livres sur le Japon

Je viens de finir de lire « Le Masque du Samourai », un essai de Aude Fieschi (Éditions Philippe Picquier). C’est un livre didactique, bien écrit, qui présente les différentes facettes du Samourai à travers le Moyen-Age japonais jusqu’à sa déchéance avec l’avènement du Japon moderne.

Emmanuel Todd ou la vulgarité intellectuelle

Emmanuel Todd passait l’autre matin sur France Culture pour nous délivrer sa bonne parole. Emmanuel Todd est un prophète. Il en a la faconde. Il en a la prétention, surtout. Il n’en a pas l’honnêteté. En effet, on ne peut être un prophète et un idéologue.

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Hommage à Jean-Marie Domenach

En relisant des notes prises il y a des années pendant la lecture du Retour du tragique de Jean-Marie Domenach, je me souviens de notre rencontre. Je le vois arrivant dans mon petit studio de la Fourche, me demandant un verre de vin et moi, commençant à lui expliquer par le menu l’orientation que je voulais donner à notre entretien. Et lui me regardant avec des yeux ronds, s’arrondissant encore, et soudainement me lançant enthousiasmé : “Mais vous avez lu mes livres… Je n’ai pas l’habitude de rencontrer des journalistes qui ont lu mes livres”.

Cette rencontre restera comme l’une des très belles rencontres que j’ai réalisées en tant que journaliste. Nous discuterons plus de deux heures de morale et de moralisme, de Saint-Just et de Nietzsche. De Dieu aussi. De Dieu surtout.

Le chemin de Dieu passe par notre humanité…

Extraordinaire passage du Bienheureux cardinal Newman :

En péchant, en souffrant, en nous corrigeant nous-mêmes, en nous améliorant, nous avançons vers la vérité par l’expérience de l’erreur ; nous obtenons le succès à travers l’échec. Nous ne savons comment agir bien sinon après avoir mal agi. […] Nous savons ce qui est bien non de manière positive mais négative ; nous ne voyons pas la vérité d’un seul coup pour nous diriger vers elle, mais nous nous jetons sur l’erreur pour en faire l’expérience, et nous découvrons qu’elle n’est pas la vérité. […] Tel est le mécanisme par lequel nous parvenons au succès ; nous marchons vers le ciel à reculons ; nous visons de nos flèches une cible et pensons qu’il est bien adroit celui dont les ratés sont les moins nombreux.

Le souffle de Tibhirine

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C’est un film intelligent. Et en disant cela, beaucoup est déjà dit. À une époque où la bêtise règne sans partage, réaliser un film intelligent parlant de la foi permet de sortir la tête de l’eau et de gonfler les poumons ; de se rassasier. Des hommes et des dieux exemplarise la vie des moines. Que les moines du film vivent en Algérie vient en second plan à mon avis. Il vient en second plan pour esquiver le sempiternel débat du « Choc des Civilisations ». Ce débat que les gens aisés traitent par le mépris et que des gens moins bien lotis tentent de fuir au quotidien.

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Notes sur Histoire du catholicisme

Notes à partir de Histoire du catholicisme de Jean-Pierre Moisset (chapitre 9 : Le choc de la modernité (mi-XVIIIe siècle — 1870).
p 394. Le rituel du toucher des écrouelles à l’issue du sacre, toujours pratiqué, perd de son crédit. De manière symptomatique, la formule d’imposition, la formule d’imposition des mains se transforment. Elle était « le roi te touche, Dieu te guérit » ; elle devient « le roi te touche, Dieu te guérisse ». Un autre signe de la mise à distance des certitudes anciennes et de l’émergence d’un nouveau rapport à l’autorité se trouvé dans la diffusion des pratiques contraceptives à partir du milieu du XVIIIe siècle, toujours en France.

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